La côte ouest de l’île du sud de Nouvelle-Zélande… Ce road trip fait rêver bon nombre des voyageurs présents dans le pays du long nuage blanc. Après avoir quitté Hokitika où nous avons taillé nos propres bijoux en pierre de jade, nous reprenons la route en compagnie de François et Younn vers le sud. Prochain objectif : le célèbre glacier Franz Joseph !
Franz Josef Glacier
Depuis Hokitika, 130km nous séparent du petit village touristique de Franz Josef. Essentiellement composé d’hôtels, auberges de jeunesse et petites boutiques à touristes, le village a été construit uniquement dans le but d’exploiter le potentiel touristique de la région. De fait, une multitude de bus vomissent un flux constant de touristes venus du monde entier s’entasser sur les terrasses des cafés avant de remonter dans le bus vers le glacier.
Pour notre part, nous arrivons au YHA du bled, là ou nos amis ont réservé une chambre pour la nuit. Nous sommes bien embêtés, il n’y a pas vraiment de camping bon marché dans les environs, et encore moins gratuits. Nous demandons à tout hasard au comptoir si, moyennant quelques dollars, nous pourrions planter notre tente dans le petit carré d’herbe devant l’auberge… Et à notre bonne surprise, c’est possible ! Certaines auberges de jeunesse acceptent donc les campeurs ! Bonne nouvelle pour la suite de notre voyage, cette information pourra s’avérer utile en cas de plan B. Nous plantons donc notre tente rapidement, avalons un casse-croute, puis remontons en voiture pour foncer vers le glacier situé à 10km du village…
Les Southern Alps s’ouvrent en une large vallée dans laquelle s’engouffre le Franz Josef glacier qui se transforme ensuite en une fine rivière… Arrivés à l’immense parking, il faut marcher encore un moment pour s’approcher du glacier. Deux choix s’offrent à nous. Il y a d’abord le chemin classique dans lequel s’engouffrent les flots de touristes en talons hauts ou claquettes qui s’embarquent pour 1h30 aller/retour le long du lit de la rivière, et il y a l’option « hard », plus longue et physique, délaissée par la plupart des gens. Évidemment nous choisissons la seconde option : nous passerons par Peters Pool, puis Douglas Walk, pour enfin rejoindre la Roberts Point track, réputée difficile. Durée totale : 6 heures !
Peters Pool est en réalité à proximité du parking, accessible en quelques minutes par une large piste bien plate en terre battue. Petite mare entourée de marécages et roseaux, le panorama y est féérique. On y voit les montagnes, qui se reflètent dans l’eau stagnante de Peters Pool, parfait miroir de l’incroyable beauté de la nature néozélandaise. D’ici on peut également en apprendre un peu plus sur l’évolution (ou plutôt la régression) du Franz Josef glacier ces dernières années. Le glacier fond de plus en plus chaque année. Les photographies rappelant son état il y a encore quelques années sont alarmantes. Fin 19eme, le glacier arrivait au niveau de Peters Pool. Aujourd’hui il est à peine visible d’ici !
Douglas Walk est le prolongement de ce large sentier, et se révèlera être une marche particulièrement ennuyeuse jusqu’à son point final : un pont suspendu permettant de rejoindre notre piste « hardcore ». Le pont enjambe la fine rivière qui s’est transformée en un large cours d’eau déchaîné, faisant rouler ses rapides sur les galets gris de son lit. Une fois de plus nous apprécions la vue, mais le plus beau reste à venir. Ce point de vue ne justifie pas vraiment 1 heure de marche…
Roberts Point Walk
5 heures de marche depuis le pont suspendu de Douglas Walk, pour atteindre une plateforme en hauteur offrant une vue sur le Franz Josef glacier et revenir. Le ton est donné. La piste rocailleuse et entravée de racines traverse plusieurs rivières et cascades via de long ponts suspendus ou parfois même à gué, et passe par un escalier de bois cloué sur une falaise.
Les néozélandais étant fans d’hélicoptères, un incessant balai de ventilateurs géants provoque dans toute la vallée un horrible brouhaha avec leur pales fouettant l’air « TCHOUKTCHOUKTCHOUKTCHOUK… » (S’il y a quelque chose à faire, il est toujours possible de le faire en hélicoptère. Ils aiment s’auto-promouvoir comme les numéro 1 de l’hélico dans le monde).
Si la piste est confortable et relativement accessible au départ, elle se complique lorsque nous arrivons dans les hauteurs. Quelques passages d’escalade, des traversées de cascades digne d’un film d’aventures, puis les racines et pierres humides se font de plus en plus glissantes et dangereuses. Un vague souvenir de notre randonnée sur la Great Walk de Lake Waikaremoana nous traverse l’esprit, mais cette fois-ci, nous avons 10kg de moins sur le dos ! Après plusieurs heures de marche, Younn est rouge écarlate.
Il nous annonce qu’il n’en peut plus, qu’il faut encore faire la route dans l’autre sens, et qu’il doit s’arrêter sinon il n’y arrivera pas. Nous lui proposons de nous attendre sur un rocher, tandis que nous continuons pour 20-30mn car nous nous sentons proche du but. En effet 5mn plus tard nous sommes sur la plateforme du point de vue ! Nous demandons à un couple quittant les lieux de prévenir notre compère essoufflé afin qu’il nous rejoigne.
D’ici nous avons une vue imprenable sur notre objectif. Le glacier impressionne… Pour un premier glacier du moins, car il doit sûrement passer pour une petite boule de neige sale pour les habitués des montagnes. Si le glacier nous scotche, il faut malgré tout reconnaître qu’il n’est pas au meilleur de sa forme, et l’été n’arrange rien à cela. Nous sommes loin des images du glacier d’un blanc pur et de glace bleue proposées par les brochures touristiques et les sites Internet de tourisme.
Nous prenons quelques clichés juste avant que la pluie ne commence à gouter, puis à tomber sérieusement… Nous rebroussons vite chemin pour nous abriter dans les bois et entamer la descente. Il ne faut pas s’attarder ici, le climat peut très rapidement changer drastiquement, le vent se lever, la température baisser subitement, et nous n’avons pas pris d’équipement avec nous (quelle idée…). Même pas un coupe vent ! La pluie redouble d’effort pour nous doucher, et il pleut maintenant des trombes d’eau ! Nous sommes trempés de la tête aux pieds ! Nous avançons à marche forcée en prenant soin de ne pas glisser sur les pièges de roche et de bois laissés par la nature. Il faut avancer plus vite que les nuages pour rester dans la zone de « chaleur tropicale » et ne pas attraper froid !
Les seaux d’eau arrêtent finalement de tomber alors que nous rejoignons la voiture, mouillés jusqu’aux os et exténués. Qu’il fait bon profiter du luxe d’une douche chaude et d’un thé au coin du feu ce soir au YHA, avant de se glisser dans nos duvets pour une bonne nuit de sommeil. Demain nous irons rendre visite à l’autre géant de glace de la côte ouest : le Fox glacier !
A bientôt
Tintin & Riette
Infos pratiques / bons plans :
Camper à Franz Josef :
- Au YHA, pour 15$/personne (Attention, ces prix varient certainement en fonction de la saison et si vous êtes membre YHA ou pas)
Manger à Franz Josef :
- Faites vos provisions avant, l’unique petit supermarché est hors de prix !
Franz Josef Glacier Walk : 5,4km – 1:30 aller/retour depuis le parking – niveau facile.
Permet d’approcher le glacier en marchant par le fond de la vallée. C’est la marche la plus populaireSentinel Rock : 900m – 20mn aller/retour – niveau facile.
Petit détour sur la Franz Josef Glacier walk, offre une superbe vue sur la vallée et le glacier au fond.Roberts Point track : 12,3km – 5h30 aller/retour depuis le parking – niveau difficile.
La randonnée que nous avons choisie. Elle passe à travers la forêt par un chemin entravé de racines et rochers qui deviennent glissants avec la pluie. Elle offre de superbes vues sur la vallée et une belle vue sur le Franz Josef glacier à la fin.- Alex Knob track : 17,2km – 8h aller/retour – niveau difficile
L’équivalent de Roberts Point track, mais de l’autre côté de la vallée. La piste grimpe très fort !
C’est la randonnée la plus difficile, mais aussi certainement celle qui offre les plus belles vues.
Si on doit y retourner c’est celle-ci qu’on prendra !
Renseignez-vous auprès de i-site à Franz Josef avant de commencer une marche. En fonction des conditions météo il peut être recommandé de ne pas s’aventurer sur une piste trop difficile.
Oh, j’ai comme des mauvais souvenirs :p
Même au Tongariro j’ai pas eu autant de mal.
Eh ben « mazette », comme on dit ici, quelle aventure..!!! Pauvres petits pious tout mouillés et grelottants!!! …C’est méchant de le dire, mais ça rassure: vous n’êtes donc pas tout à fait Superman et Superwoman?? Mais la pêche et la persévérance sont toujours là et quelque part… c’est encore plus admirable!
Merci pour le partage et les belles photos.
Belle attitude avec l’ami Younn (de l’avoir fait prévenir!)… j’étais déjà partie sur le scénario « retrouvé au retour à moitié dévoré par les loups..etc. »… nan, j’déconne…
Bises bises
Pour des pro de la rando ici sans coupe vent NUL je crois que vous êtes d’accord! ! ! ! Les bronches vont bien après ça.
Gentils fou prenez soins de vous.
En route pour de nouvelles aventures toujours de belles photos et de beaux
souvenirs à ramener dans vos bagages .
Je constate que vous avez un vrai temps de Normandie pour nous ici c’est la
douche froide tous les jours avec les paysages en moins .
Bises à vous deux .
Avec un peu de retard j’ai lu votre compte rendu mais vous travaillez comment pour vous balader encore ?attention casse coups !!!!prudence bisous
super rando ! Je trouve le glacier impressionnant quand même ! Mais ce qui l’est encore plus, c’est son recul ! Difficile de nier cela, et c’est un phénomène que l’on trouve partout dans le monde…En tous cas, thanks a lot pour cette ballade…que c’est plaisant de vous suivre, et en plus ma petite Mariette est toujours aussi choupie !!! Non, c’est pas du parti pris…Gros, gros bisous à vous…
Je suis un peu en retard, bizarrement hier soir j’ai pas eu le temps de lire cet article… 🙂
elle est superbe cette balade!
j’aime beaucoup les photos de la vallée sous la pluie et de Peter’s Pool (surtout après la pluie!)
Indiana Younn n’a pas tenu jusqu’au bout? la prochaine fois invitez Younn Norris, ça devrait être plus efficace 😀
mais non Papapo….
et nous comme Gaultier on est un peu en retard mais c’est pour la même bonne raison!!
belles images de miroir
Sacré aventure arrosée….
bises