La découverte de Waikaremoana
Après quelques jours d’inactivité pour nous reposer de notre rando à dos de volcan au travers du Tongariro National Park, nous retrouvons notre ami Andy pour entreprendre l’une des 9 Great Walks de Nouvelle-Zélande autour du lac Waikaremoana…
En fin d’après midi, nous arrivons à Big Bush, entreprise familiale qui opère les bateaux-taxi sur le lac, et permet de se faire ramener une fois la marche terminée. En effet la Great Walk contourne cet immense lac sur un peu plus de 46km, mais n’est pas une boucle.
Nous dégustons un délicieux café suivi d’une bière locale dans leur très sympathique pub coloré. L’équipe qui nous y reçoit est très accueillante et chaleureuse ! Nous échangeons un peu à propos du parcours qui nous attends car nous avons prévu de le compléter en 2,5 jours au lieu de 4. Annie la gérante et excellente cuisinière, nous empli le nez de délicieuses odeurs de curry au menu de ce soir tandis que nous causons avec Nina, charmante bretonne travaillant ici pour quelques mois. Nous nous contenterons malheureusement de nouilles chinoises instantanées pour le diner. Nous passons la nuit gratuitement sur leur domaine, sous un splendide ciel étoilé tandis que des chevaux galopent dans le pré voisin.
L’ascension du Mt Panekire
A 8h le lendemain matin, Annie nous dépose au point de départ de la rando. Nous débutons notre marche, chargés d’une dizaine de kilos chacun, par un petit détour de 20mn, histoire de s’échauffer. Celui ci nous mène sur les rives du petit lac tranquille Whakamarino. Enfin, nous attaquons les choses sérieuses et commençons la longue ascension du mont Panekire qui veille sur le lac du haut de ses 1180m. L’air est frais (3°C).
Une épaisse couverture nuageuse plane au dessus de nos têtes couvertes par nos énormes bonnets de pêcheurs tout neufs. Nous pénétrons dans un bois extrêmement dense qui a revêtu un lourd manteau de mousse et lichen, ce qui donne aux arbres biscornus qui le peuplent des airs de vieux barbus. Nous progressons sur un sentier tortueux noué de racines traîtresses. Le silence est assourdissant. Seul le bruit de nos pas dans la boue, parfois ponctué du doux sifflement d’un oiseau solitaire, ose briser ce calme parfait. Nous sommes au cœur d’une forêt enchantée. Sombre et mystérieuse, mais tellement magnifique !
La piste grimpe en pente raide vers le sommet, longeant le bord de la falaise qui plonge dans les eaux acier du lac, des centaines de mètres en contrebas. Chaque fois qu’une trouée dans le feuillage nous l’autorise, nous admirons le paysage. Après plusieurs heures d’ascension, nous perçons la canopée et parvenons au point culminant. Un impressionnant panorama s’ouvre à nos pieds, englobant toute l’étendue du lac. Depuis notre promontoire, nous sommes les témoins directs des contrastes météorologiques qui rythment le pays. Au dessus de l’eau, des zones de pluies torrentielles s’intercalent à de grandes trouées de soleil rayées de chutes de grêle.
Cette scène grandiose nous régale de sa beauté un long moment puis le chemin bascule sur l’autre versant, et nous replongeons dans la forêt. La température s’obstine en dessous des 10°C. La grêle s’abat sur nous sans prévenir et recouvre le sol roux d’un tapis blanc. Le mauvais temps passé, nous nous autorisons une pause déjeuner avant de reprendre la route. La descente est encore plus dangereuse que la montée, et nous risquons de nous tordre la cheville à chaque pas sur ces maudites racines et pierres humides. Le genou droit de Quentin, est mis à rude épreuve par le dénivelé. Une vive douleur lui poignarde la rotule à chaque pas.
Plus nous descendons, plus la taille des fougères s’élève, l’air s’humidifie et la température remonte. La forêt devient tropicale. Enfin, au bout de 8h de marche, nous arrivons aux termes de notre 1ère journée et trouvons un endroit des plus bucoliques pour planter notre tente juste en bordure du lac, non loin du refuge. En plein montage de tente, une pluie diluvienne s’abat sur nos têtes ! Parfait timing. Nous courrons nous abriter dans la hutte où un bon feu ronflant dans un poêle réchauffe l’atmosphère. Bientôt, le refuge est rempli de randonneurs affamés qui s’affairent à préparer leur repas. Des chaussures puantes s’amoncellent autour du feu. L’ambiance à la lueur des bougies est chaleureuse et enjouée. Nous regardons la pluie tomber par la fenêtre, baignés dans une torpeur confortable, avant de regagner le froid de nos tentes.
Korokoro Falls et les rives du lac Waikaremoana
Au petit matin, une fine pellicule de givre recouvre le dôme de notre tente ! Nous n’avons cependant pas souffert de la morsure du gel, ayant investi dans d’excellents duvets pour l’occasion. Nous petit déjeunons en regardant la brume dévoiler lentement les eaux calmes du lac Waikaremoana. Moment de parfaite sérénité. La pluie de la veille a transformé le chemin en bourbier. Nous pataugeons dans une gadoue épaisse qui colle à la semelle de nos chaussures et ralentit notre progression. Quentin a le genou en vrac. Il avance clopin-clopant en souffrant mille morts. Mais Mariette lui dégotte un bâton qui s’avèrera d’une aide providentielle.
Au bout de deux heures de marche, la piste bifurque vers les chutes de Korokoro. Cela rallonge notre balade d’une heure mais nous décidons de faire ce détour car les chutes sont réputées magnifiques. Le chemin accidenté plonge au plus profond d’une forêt tropicale tandis qu’Andy part devant, lassé sans doute par notre progression d’estropié. Nous parvenons finalement aux chutes dont la réputation se confirme : sublimes. Mais Andy n’est pas là. Curieux… Où est il passé ? Impossible pourtant que l’on se soit croisé sans se voir, la piste est large d’à peine 30cm ! Nous nous inquiétons. Et si il était tombé quelque part ?
Quentin boosté par l’anxiété et des Nurofen mène la marche pour rebrousser chemin à vive allure. Nous appelons notre ami à travers la jungle, mais pas de réponse… Nous repérons néanmoins une empreinte fraiche dans le sol meuble qui nous laisse présumer qu’il est devant nous. N’étant pas sûrs, nous avançons à marche forcée jusqu’au prochain refuge, afin de prévenir les secours s’il ne nous y attend pas. Nous avalons 2h de piste puis atteignons le refuge. Andy est bien là ! Ouf ! Mais nous ne comprenons pas ce mystère… Par quel sortilège ne nous sommes nous pas croisés ?
Nous reprenons notre marche plus sereinement mais à un rythme toujours soutenu car il nous reste encore 5h d’effort avant d’arriver au camping de ce soir et il est déjà 2h. Le sentier qu’on nous avait dépeint facile et plat est en réalité retors et plein de pièges ! Nous n’avons jamais autant pataugé dans la boue qu’aujourd’hui ! La fatigue de la veille commence à se faire sentir, mais le décor en vaut la peine ! Tantôt nous longeons les eaux limpides du lac, tantôt nous nous enfonçons dans la forêt tropicale. Le bruit de l’eau ruisselante résonne de tous côtés. Plus loin nous traversons un sous bois uniquement composé de ses fameuses fougères arborescentes qui semblent tout droit sorties du jurassique. Le soleil couchant couvre le lac et le mont Panekire, où nous étions hier, de reflets mordorés. Un dernier effort… Ça y est !
Après 10h de marche nous sommes au camping ! Nous plantons nos tentes en bordure du lac Waikaremoana puis procédons à une séance d’étirement et soin des ampoules. Nous n’avons croisé personne de la journée, c’est incroyable ! Le calme absolu !
Retour en water taxi
Le lendemain, nouveau réveil glacé et humide. Nous ré-enfilons les vêtements encore trempés de sueur froide de la veille. Nous avons l’impression de schlinguer sévère ! N’est ce qu’une impression d’ailleurs ? Nous pensons qu’il nous reste 4h de marche avant d’atteindre le point de rendez vous que nous avons fixé avec le bateau taxi. Mais nous ne marchons en fait que 2 heures, ce qui nous laisse le temps de savourer un moment d’inactivité en lézardent sur une plage paradisiaque.
Soudain au loin nous voyons arriver notre bateau, surfant sur les vagues turquoise du lac. Sur le trajet du retour, nous sommes ballotés par la houle importante levée par un vent puissant. Notre petit esquif fonce, et disparait entre les hautes vagues. Enfin nous accostons sur l’autre berge, et c’est fini. Nous avons parcouru 46,5km pour 20h de marche en deux jours et 2 heures ! Nous sommes fiers d’avoir réussi ce challenge et émerveillés de cette immersion de quelques jours dans cette nature fantastique !
A bientôt
Tintin & Riette
Infos pratiques :
Big Bush pub/accommodation/water taxi
- Situé au top d’une petite colline avec une vue plongeante sur un joli lac et la foret tropicale, c’est l’endroit idéal pour apprécier une bonne bière fraîche et passer une agréable soirée avant de se lancer dans la Great Walk. On peut également y laisser sa voiture gratuitement le temps de la marche.
(Attention, passé Murupara depuis le nord et Wairoa depuis le sud, il n’y a pas de station essence sur la route !)
- Menant au Lac Waikaremona, elle compte parmi l’une des 10 plus belles de Nouvelle-Zélande. Attention néanmoins elle est non goudronée au nord et autour du lac. Il faut donc compter 3h30 depuis Rotorua. Depuis Wairoa, il n’y a que 25km de dirt road. Compter le même temps depuis Taupo.
Campings du DOC :
- Il y a 2 campings gratuits à Wairoa, en bordure de rivière mais pas très sexys. Un autre camping gratuit se trouve sur les berges du lac au nord de Big Bush à Rosie Bay. La route au nord du lac est jalonnée de 4 campings gratuits.
Génial! Eprouvant, mais génial! J’aurais aimé en être! Bon anniversaire en retard Quentin! Bises à vous 2!
salut les jeunes.
La photo du ciel étoilée est à tomber….
Quentin : Où est ton costard ? Tu n’as pas cherché un TAF durant la rando ?
A++
Thierry
Bonjour les enfants que votre exploit est beau je suis en extase devant votre courage et votre volonté beaux souvenirs pour vous magnifiques photos j’en prends plein la vue assise sur la chaise ce qui est facile pour votre grand mère
Le pub en effet est superbe en deco gros bisous Ainsi je voyage gratuitement.
A bientot
C’est pas du juste d’abord, moi aussi je veux aller ^^ +1 pour les tongues chaussettes 😀
Merci pour ces petits épisodes de votre vie d’aventurière. Belles photos, beau paysages, encore, encore…
A bientôt
avez vous entendu les Hent?
belle vue mais chemin compliqué!!
et repos mérité en effet
bises
Bravo pour la nouvelle présentation de vos aventures. Les photos intercalées au texte c’est beaucoup mieux. Encore de belles aventures je vois.
Bisous de maman nanou
Quelle magnifique ballade !! Moi aussi j’aurais aimé y être, comme Blue…Mais grâce à vous, j’y suis un petit peu…Et puis, chapeau pour l’effort ! C’ est vrai que le silence devait être sublime, véritable terre de méditation, miam…
Bises…
Ça donne vraiment envies mais avec 2 battons de marche et des guêtres. Et la faune dans tous çà! N’y à-t-il pas quelques gros serpents dans cette forêt tropicale?
Sympa la petite promenade de santé!
les paysages sont magnifiques, les chutes aussi, et la forêt est magique, on pourrait croiser des elfes ou des Ents un peu partout là dedans 🙂
par contre les elfes ont oublié d’entretenir les chemins! faut des bottes pour faire cette rando 🙂
A bientôt
Gaultier
quelle rando, cela fait rêver ….encore un grand bravo pour cette superbe balade et que de souvenirs!!! profitez-en bien
deg, on a du faire demi-tour on voyait à peine le lac avec la pluie en prime, obligé d’y retourner en vue des photos que vous avez fait.
Super récit ! Ça a l’air trop cool ! On va essayer de le faire aussi. Merci pour les infos pratique. Si le coeur vous en dit on a des récits mais dans le sud ! Bonne aventure