Cette étape est sans doute la plus simple de Peaks of the Balkans. Pour rallier Plav depuis Babino Polje, il nous faudra tout de même marcher vingt kilomètres mais nous ne rencontrerons aucune difficulté particulière sur ce chemin, qui de plus est extrêmement bien marqué. Pas de montées exténuantes, pas de passages techniques, pas de détours inopinés… Nous sommes presque déçus !! En revanche, la beauté de la nature ne va pas manquer de nous en mettre plein les mirettes !
Peaks of the Balkans – Étape 7 : de Babino Polje à Plav
Ce matin, la météo est meilleure. On aperçoit même quelques estampilles de ciel bleu dans l’étendue des nuages. Nous saluons la famille Alija de la Triangle Guesthouse en ayant l’impression de quitter notre propre famille. En partant, Deborah nous parie quand même une bière que nous prendrons la pluie sur la tête avant d’arriver à Plav. Nos corps ont finalement pris l’habitude de ces efforts répétés. Nos jambes semblent à présent fonctionner toutes seules. Les capacités d’adaptation de l’être humain sont décidément surprenantes. Il ne nous aura pas fallu plus de quelques jours pour retrouver la forme. Même les genoux récalcitrants de Quentin ont renoncé à le faire souffrir. Seuls nos pieds tirent la tronche, cloitrés qu’ils sont dans une humidité permanente. Nous aimons bien notre nouveau rythme, aussi. Se coucher à 20h30 tous les soirs est un luxe que l’on ne connaît plus guère dans notre société, depuis que la télé et Internet ont envahi nos soirées. Pourtant, ces quelques heures de sommeil avant minuit n’ont pas leur pareil pour reposer un homme ! Bref, nous nous sentons en pleine forme. Le poids du sac à dos ne pèse presque plus sur nos épaules.
Comme d’habitude, nous ne croisons pas grand monde sur le parcours. La randonnée Peaks of the Balkans attire peut-être de plus en plus de voyageurs, mais cela reste tout de même bien loin d’être l’autoroute à marcheurs ! La tranquillité est parfaite. Accompagnés de notre amie Deborah, nous montons jusqu’au plus gros lac du parcours, le lac Hdrisko (à vos souhaits !). Il est calme et superbe, entouré de sa couronne de conifères et de gros rochers blancs ! Des centaines de tritons évoluent sous la surface de l’eau, flirtant de manière un peu trop ostensible. Nous passons un moment le nez dans l’eau à observer les déboires des jeunes tritons mâles se prenant des râteaux mémorables de la part des dédaigneuses femelles. Nous cherchons aussi, sans les trouver, les légendaires salamandres noires et jaunes qui sont censées peupler les environs. Deborah est très vexée de ne pas avoir pu en apercevoir une seule, mais heureuse en même temps de découvrir les tritons dont elle n’avais jamais entendu parler !
Plav
La descente sur Plav est très bucolique. Depuis le début de cette aventure sur Peaks of the Balkans, nous sommes émerveillés par la biodiversité que l’on peut trouver là-haut. Jamais nous n’avons vu quoi que ce soit de semblable. Cette richesse est inestimable, unique en Europe et regroupe environ 7000 espèces végétales différentes, dont de nombreuses plantes endémiques. Il n’y a pas de culture intensive dans la région et de fait, pas de pesticides. Oiseaux et insectes prolifèrent ici en nombre. On trouve dans ces montagnes 130 espèces différentes de papillons ! Ce qui rend notre progression tout simplement féérique. Imaginez : nous marchons dans les hautes herbes dorées, entourés d’une multitudes de fleurs de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. À notre passage, des centaines de minuscules papillons bleus prennent leur envol, virevoltant autour de nous. Nous avons envie d’avancer en sautillant, nous attendant à ce que les chansons mièvres qui s’échappent toutes seules de nos lèvres fassent accourir les mésanges, les écureuils et les petits lapins. Pas de doute, Walt Disney a dû trouver son inspiration dans le coin !
Nous arrivons sur Plav par les hauteurs, face à l’impressionnant Mt Visitor qui surplombe la ville et l’immense lac Plav. Peu de temps avant de descendre vers la ville, quelques gouttes d’eau tentent timidement de mouiller nos couvres chefs. Suffisamment pour que, bons joueurs, nous acceptions notre défaite face à Deborah. En traversant la petite ville pour rejoindre notre camping, nous sommes émus de constater qu’il n’existe pas une maison sans potager. Tous les terrains sont remplis de légumes et d’arbres fruitiers. Tous pousse pêle-mêle. Les haricots mêlés aux courgettes, mêlées aux maïs..etc. Il nous semble traverser un jardin d’Eden prolifique et habitable. Le mot permaculture vient à l’esprit, concept à la mode par chez nous. Mais ce n’est pas ça. Point de concept ici. Faire pousser sa nourriture, mais c’est la vie quoi ! Cela fait partie du quotidien, de la normalité. Simple logique…
Plav n’est pas une très belle ville. L’architecture y est sommaire, vieille et mal entretenue ou semble parfois assimilable à un chantier permanent. Les quelques rues du centre-ville sont bordées de boutiques bordéliques au contenu parfois improbable. Des vieux fument et boivent cafés turcs sur cafés turcs en terrasse des innombrables troquets remplis d’une écrasante majorité d’hommes. Des jeunes gens crânent au volants de vieilles Mercedes rutilantes et mal modifiées. Les femmes ? Elles s’occupent des mômes ou parfois de quelques boutiques, mais jamais des cafés !
Il nous semble que seules quelques mosquées présentent un intérêt particulier, agrémentant les rues de leurs jolis minarets de bois, témoins d’un long passé sous la puissance de l’empire Ottoman. Nous aimons l’ambiance chaotique qu’il règne dans ces rues fatiguées, savant mélange d’ex-URSS et d’Orient.
Nous nous arrêtons au Lake View campsite & guesthouse pour la nuit. Outre un emplacement de camping privilégié avec vue sur Mt Visitor et le lac Plav, nous avons aussi la chance de déguster la spécialité locale, le sarma, consistant en un petit baluchon de feuilles de chou fourré de riz, de viande et d’épices. Tout à fait délicieux !
M. & Mme Shoes
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