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Shiraz. Ce nom ne vous évoque-t-il pas un souvenir rêvé du temps passé aux effluves chargées de parfum d’orient, aux rues emplies de fleurs exotiques, de richesses et d’ivresse ? Et si nous allions nous promener ensemble dans cette cité de légende ?

Bonjour Shiraz

Le joli taxi jaune – une 405 Peugeot, comme de bien entendu – nous balade tranquillement depuis la gare vers le centre de la vieille ville. Une aube poussiéreuse se lève, peinant à donner du charme à une banlieue de désert. Au détour d’un virage, un bout de muraille accroche nos yeux ensommeillés. On descend là ! Notre taxi repart, emportant avec lui ses odeurs de gaz d’échappement sitôt remplacées par un parfum suave et entêtant. Étonnés, nous déambulons le nez en l’air sur le large trottoir, longeant la muraille impressionnante dont les briques ocres clament les premiers rayons matinaux. L’odeur persiste et donne à notre marche des allures de rêve éveillé… Ce sont les centaines d’orangers en fleurs bordant les avenues qui répandent sur la ville cette irrésistible fragrance. Ah ! Que ne saurait-on trop vous conseiller de visiter Shiraz au printemps ! Quel changement d’air après notre séjour à Téhéran !

La citadelle de Karim Khan à Shiraz
La citadelle de Karim Khan à Shiraz

La citadelle de Karim Khan (ارگ کریم خان) achève de nous éblouir alors que nous contournons ses hauts murs crénelés. Comment rester de marbre devant cette merveille du 18ème siècle, glorifiée de lumière naissante ?
Alors que la ville est encore à demi plongée dans le sommeil, nous traversons le bazar dont toutes les échoppes ne présentent qu’un seul produit à leur étal : une grande porte métallique fermée et verrouillée. Il est bien trop tôt pour faire du shopping… Nos pas nous guident vers la magnifique mosquée Vakil, elle aussi fermée au public trois jours durant, pour cause de grande fête religieuse. S’en est trop, nous posons nos valises près de la fontaine marquant l’entrée de la mosquée et attendons que le soleil chasse Shiraz hors de son lit, tout en observant deux compères bien matinaux s’affronter dans une féroce partie backgammon.

Bazar de Shiraz

Dès que Shiraz s’éveille, nous nous dirigeons d’office vers le Bazar Vakil  (بازار وکیل), tout proche. Son labyrinthe de ruelles tranquilles nous semble vraiment accueillant. De fait, nous nous laissons charmer rapidement par l’atmosphère détendue qu’il y règne, propice à la flânerie.

Nous rencontrons une jeune étudiante iranienne en vacances avec qui nous échangeons un moment tout en nous baladant. Elle aurait visiblement bien aimé visiter l’intégralité de la ville avec nous, mais notre fatigue est bien incompatible avec le mode de tourisme à l’iranienne, qui impose une visite péremptoire de tous les monuments de la ville. Quant à nous, nous ne goûtons qu’à errer ça et là à notre guise et sans guide, sans autre but  que de s’imprégner de l’atmosphère si particulière de la ville. De plus, nous sommes chargés comme des mules et nous avons beau être au printemps, la chaleur est terrassante. Sans compter qu’avec tous les empilements de tissus réglementaires que nous autres demoiselles sommes obligées de porter, il me semble vivre dans un hammam permanent en dessous de mes vêtements.

Dans le bazar de Shiraz
Dans le bazar de Shiraz

Nous nous séparons donc de notre sympathique étudiante, mais pas avant que nous ayons refusé par 5 fois qu’elle nous offre une glace à l’aspect douteux. Elle nous l’offrira quand même, de cette façon adorable qu’ont les iraniens de ne pas vous laisser le choix quand ils veulent vous payer quelque chose à tout prix. Plus nous refusons, plus les voilà déterminés à nous l’obtenir. Embarrassés, nous nous forçons avec plus ou moins de bonne grâce à déguster le faloudeh. Cette spécialité givrée couverte de vermicelles d’amidon de riz croquants aux saveurs résolument incompatibles nous donna à tous l’impression de déguster des nouilles chinoises crues et congelées avec un vague arrière goût de désodorisants à chiottes. Pour ne pas décevoir notre nouvelle amie, nous tentons de faire bonne figure avec plus ou moins de réussite… Espérons que les nombreuses rencontres qui nous attendent ne nous offriront pas toutes une de ces petites spécialités glacées !

Tombeau Shah Cheragh

Nous arrivons devant l’entrée du Shah Cheragh (شاه چراغ), tombeau importantissime pour les shiites s’il en est puisqu’il renferme les dépouilles de Ahmad et Muhammad, frère du prophète Ali al-Ridha qui est à l’origine de cette branche de l’islam. Malgré la fatigue, nous sommes très impatients de rentrer dans ce sanctuaire. Alors que les garçons empruntent en toute quiétude l’entrée réservée aux hommes, mon amie Émilie et moi-même nous dirigeons vers l’entrée des femmes pour nous faire « chadoriser » par d’aimables gardiennes de la bienséance. Émilie se retrouve vite affublée d’un chador blanc à fleurs alors que le mien arbore un semblant d’imprimé léopard du plus mauvais goût… S’en suis un épisode que j’ai déjà relaté dans l’article Iran – Trucs et astuces de filles. N’allez jamais dans une mosquée avec un gros sac à dos ! Nous voilà comme deux chamelles hystériques provoquant l’hilarité des pèlerins – et la nôtre ! La situation est aussi grotesque qu’incongrue. Tout le monde hurle de rire !

Notre comportement est certes fort inconvenant mais il nous faut malheureusement un temps fou pour regagner notre calme. Nous réalisons seulement alors à quel point ce sanctuaire est sublime à tous niveaux !

Le mausolée de Shah Cheragh à Shiraz
Le mausolée de Shah Cheragh à Shiraz

Mausolée d’Hafez

Vous savez peut être à quel point les iraniens entretiennent des liens étroits avec la poésie. Hors, nul ne semble plus connu qu’Hafez, star entre toutes les stars de la poésie perse et sa tombe révérée se trouve justement être au beau milieu d’un jardin shirazi. Le peuple iranien, décidément raffiné, ne manque donc pas une occasion d’aller rendre hommage au poète disparu, allant même jusqu’à clamer des vers sous la coupole bleue qui lui sert de dernière demeure. Frisson garantit ! La poésie perse est comme un chant lancinant à la beauté troublante qu’aucune traduction ne saurait correctement retranscrire.

Mosaïque de la tombe d'Hafez à Shiraz
Mosaïque de la tombe d’Hafez à Shiraz

Le parc entourant le mausolée est un lieu familial très agréable et très prisé des habitants de Shiraz. C’est pourquoi nous tenions absolument à nous y rendre le soir, afin de profiter de l’animation et de la relative fraîcheur pour y faire des rencontres. Les iraniens nous semblent toujours aussi accueillants et sympathiques, et échanger avec eux est toujours source de grand intérêt.

Nous n’avons pas eu le temps de visiter Shiraz de fond en comble, loin s’en faut… Il faudra revenir, ne serait-ce que pour aller admirer les splendeurs inoubliables du kaléidoscope de lumière qui pénètre les vitraux de la mosquée rose Nasir Ol-Molk (مسجد نصیر الملک).

En attendant, nous voilà parti vers les montagnes, où se cache un petit village du nom de Ghalat qui nous réservera bien des surprises…

Portraits d’Iran

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