Lefkara fait parti des villages incontournables lorsque l’on parle de tourisme à Chypre. Située un peu dans les terres à mi-chemin entre Limassol et Larnaca, la bourgade, réputée pour son artisanat d’art spécialisé dans la broderie et l’orfèvrerie, offre une balade alternative aux côtes bétonnées et surpeuplées du littoral Sud.
Découverte de Lefkara
Nous quittons le littoral pour nous élever dans les collines roussies des terres chypriotes. Nous sommes en Octobre, il fait encore très chaud et l’été a été rude. Peu de précipitations se sont abattues depuis le printemps. Entre les montagnes de Troodos et la mer s’étend en ce moment un vaste désert aride, blondi d’herbes sèches.
Depuis Larnaca, il nous faut environ une-demi heure en voiture pour parvenir au village perché sur les collines. En réalité, la bourgade de Lefkara est divisée en deux parties. Kato Lefkara, le petit village du bas, et Pano Lefkara, situé un peu plus haut, où se concentre la plupart des commerces. Nous apprendrons plus tard au cours de notre séjour que Kato désigne toujours les villages « bas » et Pano les villages « hauts ». Nous imaginons ce lieu bouillonnant d’activité durant la saison estivale, mais nous découvrons un village absolument charmant, mais quasiment vide… Une amie chypriote vivant en France nous expliquera ce mystère à notre retour : nous sommes mercredi et en automne. Les chypriotes ont tout compris à la vie : ils estiment que 5 jours c’est bien trop long pour attendre le weekend et qu’il est trop fatiguant de travailler autant sans se reposer. Hors saison, le mercredi après-midi est donc chaumé à Chypre ! Bon il se trouve que dans les faits, même le matin il n’y avait pas grand monde…
Nous faisons d’abord un petit tour dans les jolies ruelles de pierres de Kato Lefkara, parmi les maisons blanchies à la chaux aux volets désespérément clos, aux peintures décrépies et aux murets de pierre. Le tour est rapide et nous continuons vers Pano Lefkara, à deux minutes de là sur les hauteurs. Nous ne manquons pas de nous faire accueillir pas le traditionnel comité d’accueil composé de félins montant la garde.
Hormis ces petites boules de poils, nous sommes de nouveau seuls, hormis quelques touristes russes qui déambulent autour de la belle église orthodoxe de la Croix Sainte, depuis le parvis de laquelle on a une vue panoramique sur la sécheresse environnante. Aux alentours, tout est fermé.
Artisanat de Lefkara : broderie et orfèvrerie
Nous nous aventurons dans les premières ruelles. Au premier coin de rue, une femme est assise devant la seule échoppe qui semble ouverte. Elle brode avec attention un grand morceau de tissu blanc. La broderie de Lefkara est très réputée, bien que ce soit un art qui menace de se perdre. La pratique est même inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ! La légende court même dans le village que Léonard de Vinci serait passé par là et, impressionné par la finesse et la qualité de ces broderies, en aurait ramené un grand échantillon en Italie, pour couvrir l’autel de la cathédrale de Milan !
Elle se prénomme Maria et parle Français. Elle nous présente son art, ses techniques de broderie, et nous explique comment ce savoir est passé de mère en fille depuis des générations, alors que les hommes eux, travaillent l’orfèvrerie sur l’argent. Maria est charmante et ses broderie bien jolies. Nous en achetons quelques unes, en souvenir de cette rencontre avec elle, et pensant nous trouver devant l’unique boutique ouverte de la commune.
Mais après quelques passages de ruelles vides, nous parvenons sur la rue principale au centre de Lefkara ! Celle-ci est un peu plus animée, bien que moins charmante que le reste du bourg. Mais on y trouve d’autres brodeuses, un fabricant de loukoums, diverses échoppes et restaurants, ainsi que des ateliers d’orfèvrerie, autre grande spécialité de la ville. Certaines brodeuses que nous rencontrons sont de véritables virtuoses de l’aiguille, et proposent des créations avec des qualité de finition extraordinaires (mais d’autres proposent des chinoiseries à la vente aussi…). L’une d’entre elles Nina Christou, nous subjugue avec son travail. La finesse de ses broderies est incroyable ! Elle nous montre fièrement ses réalisations, tandis que son fils traduit dans un anglais approximatif. Mariette, grande amatrice de broderies et étoffes, ne peut résister et rachète quelques pièces dans la mesure des possibilités offertes par nos économies…
Nous rencontrons ensuite Michalakis Christou, le mari de Nina. Aussi doux et gentil que sa femme et son fils, nous sympathisons rapidement avec lui. Il est artisan orfèvre, spécialisé dans le travail de l’argent, l’autre grande spécialité de Lefkara qui a permis à Lefkara d’acquérir sa réputation. Son atelier a pignon sur rue, ce qui permet d’exposer aux yeux de tous la dextérité de ses vieilles mains ridées. Ses doigts sont faits d’or, à n’en pas douter. Mariette, ancienne joaillère, peut en témoigner. Travaillant presque exclusivement sur l’argent, matériau ingrat par excellence, il est maître dans l’art du repoussé, de l’embossage et du filigrane. Il a d’ailleurs gagné de nombreuses récompenses, lui apportant une certaine reconnaissance et notoriété. Aujourd’hui, il transmet le précieux savoir de ce métier ancestral à son fils, qui semble également gérer la partie plus moderne des communications et des réseaux sociaux de la boutique !
Nous déjeunons dans l’excellente pizzéria de Tarek, un chypriote d’origine tunisienne vraiment très sympathique en plus d’être bon cuisinier, avant de nous autoriser une séance dessin. Quentin a en effet envie d’apprendre a peindre à l’aquarelle et nous nous sommes mis d’accord sur le sujet. Ce sera la mosquée, toute simple avec son petit minaret blanc, sa petite cour et son oranger !
Kato Drys et autres villages
Depuis Lefkara, il est possible de reprendre la voiture et de faire une boucle dans les environs pour visiter les petits villages et monastères des collines aux alentours. Nous irons donc arpenter Kato Drys, Vavla, Gourri et quelques monastères. L’architecture nous charme mais partout nous rencontrons ce même sentiment de solitude. Dans le joli monastère d’Agios Minas, à quelques kilomètres de Lefkara, nous croisons pourtant deux religieux, mais ils ne nous adresseront pas un mot ! Il semble qu’il n’y ait pas un chat dans les rues des villages de tout le massif de Troodos ! Pourtant, à Chypre qui est le pays de ces petits félins, c’est un comble ! Peut-être est-ce parce que nous sommes en semaine et hors saison. Si vous souhaitez visiter les environs, essayez de vous y prendre le week-end !
M. & Mme Shoes
Portraits de Lefkara
Informations :
Musée de la broderie et de l’orfèvrerie de Lefkara
- Horaires :
Mi-septembre à mi-avril : tous les jours de 8:30 à 16:00
Mi-avril à mi-septembre : tous les jours de 9:30 à 17:00 - Tarif : 2,5€
- Fermé durant les jours fériés
- Non accessible aux personnes à mobilité réduite
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