La France est-elle le plus beau pays du monde ? À bien des égards, nous avons souvent eu envie de répondre : « Ah Diable, oui ! » Et aujourd’hui sans doute plus que jamais, alors que nous nous élançons sur l’un des plus somptueux sentiers de randonnée que nous ayons arpentés de notre vie ! Nous partons à la découverte du majestueux Pic du Midi d’Ossau en suivant le tour des enchanteurs lacs d’Ayous. Un itinéraire de toute beauté dont nous allons essayer de vous rapporter l’essentiel, afin de vous convaincre d’une chose : y foncer au plus vite !
Le Pic du Midi d’Ossau
Les habitants du Béarn connaissent bien ce vieux géant qui veille sur leur territoire. En ces lieux, la montagne a même trouvé un prénom, Jean-Pierre, au détour des nombreuses légendes locales. Lorsque les béarnais évoquent le Jean-Pierre, leurs paroles sont toujours assorties d’une note d’affection chaleureuse, comme s’ils discutaient d’un vieil ami. Les habitants de Pau ont même fait de son profil si particulier l’emblème de leur ville.
Si cette personnification poétique du Pic du Midi d’Ossau avait déjà suffit à attiser notre curiosité, un élément insolite rendait notre visite absolument in-con-tour-nable ! Un élément insolite ? Allons-donc ! Que me chantez-vous, ma bonne dame ? Ne voulant pas laisser trainer derrière nous un suspense insupportable, nous allons derechef éclairer vos lanternes.
Voyez-vous, un lot de coïncidences étranges lie Quentin à Mariette, et inversement. Primo, le nom de famille de Mariette, et bien vous n’allez pas le croire, mais c’est Pau, oui, oui, tout à fait, comme la ville du même nom ! Et le nom de famille de Quentin, on vous le donne dans le mille, c’est Monein, comme la ville du même nom aussi, quoi, comment ça, vous ne connaissez pas ? C’est là où l’on fait le Jurançon, voyons ! Et où cela se situe, mmmh ? Ben voilà, c’est une ville voisine de Pau ! Incroyable, n’est-il pas ? Et dire qu’on n’avait jamais mis les pieds dans le Béarn, c’est maintenant chose faite !
Oui, mais le rapport avec le Pic du Midi d’Ossau dans tout ça ? On y vient, voyons ! Ne soyez pas si pressés !
On vous a déjà dit que la fière montagne était l’emblème de Pau, n’est-ce pas ? Et bien devinez comment s’appelle le Pôpa de Mariette… Ben oui, voilà, il s’appelle… Jean-Pierre !
Ayant donc bombardé sans hésitation le Pic du Midi d’Ossau totem officiel de la famille Pau, nous ne pouvions faire autrement que de nous y rendre en pèlerinage !
Une visite au Pic du Midi d’Ossau peut se dérouler de multiples façons. Un nombre phénoménal de balades et randonnées de tous niveaux n’y attendent que vous, et c’est également un excellent spot d’escalade. Dans les itinéraires pédestres les plus connus, vous pouvez être intrépide et décider de gravir le sommet du Jean-Pierre d’où, à n’en pas douter, vous aurez une vue spectaculaire (faites-vous quand même accompagner d’un guide de montagne, à toute fin utile…). Vous pouvez également choisir d’en effectuer le tour par sa base en 2 ou 3 jours, ou plus, pour faire durer le plaisir. Quant à nous, nous avons opté pour l’option du…
Tour des lacs d’Ayous
Il n’a pas fallu longtemps pour nous convaincre que cette randonnée était faite pour nous. L’argument principal : une enfilade de 6 lacs de montagne aux eaux cristallines dans lesquels notre Pic du Midi d’Ossau nous fait le bien grand plaisir de venir refléter son magnifique profil grec. Et comme l’image est souvent plus frappante que les mots, voici une petite mise en bouche qui devrait achever de vous convaincre illico. Jugez plutôt.
Cette boucle des lacs d’Ayous fait 14 kilomètres pour 800m de dénivelé positif et ne présente pas de difficulté particulière. Elle est donc parfaitement faisable en environ 6h pour un marcheur lambda concentré sur son objectif. Il faut bien évidement compter plus pour le marcheur photographe qui, lui, est également concentré sur son objectif (mais c’est pas le même), qui s’extasie devant la moindre brindille et la façon dont celle-ci accroche les changements subtils des nuances de la lumière. Idem pour tous les marcheurs du genre rêveurs contemplatifs pour qui la notion du temps semble bien ténue. Ah, vous avez deviné qu’on parlait de nous là ? Pour profiter de ce sentier au maximum, nous décidons donc de partir pour 2 jours, avec une étape au refuge d’Ayous situé au pied du lac Gentau à 1950m d’altitude, pour une nuit sous les étoiles en tête à tête avec notre figure tutélaire.
Le départ de la randonnée s’effectue en douceur. Nous commençons d’abord par longer les rives du grand lac Bious-Artigues. Les couleurs rougeoyantes de hauts feuillus cachent d’abord à notre vue ce cher Jean-Pierre. Vous l’aurez compris, nous sommes en automne. Cela est très commode pour éviter les foules. Le lieu est si joli qu’il doit être fort prisé à la belle saison. Marcheurs estivaux, partez à l’aurore !
Toute la première partie du sentier monte en pente douce et est accessible aux poussettes et fauteuils roulants. Il longe un cours d’eau, tout en remontant une grande vallée verdoyante. La progression est assez magique puisque le recul progressif de la forêt dévoile peu à peu les contours de notre fameuse montagne !
Puis nous quittons le sentier bétonné et le plancher des vaches pour entrer dans le vif du sujet. Ça grimpe, tout à coup. La roche crisse sous nos godillots. On entame une grande partie de forêt flamboyante qui monte tout droit vers le ciel. Plus on s’élève, plus l’air devient vif, plus la vue sur le Pic du Midi d’Ossau devient imprenable. La météo est parfaite. Rien ne peut troubler notre exultation !
L’altitude finit par avoir raison des arbres, qui sont bien trop humbles pour prétendre aux sommets. Nous cheminons donc dans un décor rocailleux et aride, exposé aux éléments. L’arrivée au lac de Roumassot met quelques scintillants dans nos pupilles. Chers lecteurs, préparez-vous ! Nous allons ici user et abuser d’adjectifs superlatifs ! Mais comment faire autrement ? C’est simple, c’est tout bonnement ma-gi-stral !
Nous continuons de grimper pour accéder à un trou d’eau taillé dans la roche, aussi petit qu’il est joli, appelé lac Miey. Les ombres bleues commencent à s’allonger sur la roche ocre à mesure que le soleil descend. Encore quelques pas et nous atteignons le point d’orgue de la journée : le lac Gentau. Pas de brise, un ciel nu d’été indien… Le lac est un miroir. Nous en sommes sûrs : c’est là un des plus beaux paysages que nous ayons pu contempler, tous pays confondus. L’air est tiède et doux, nous sommes enivrés de senteurs de roche chaude et des lueurs dorées du soleil déclinant. Tout est parfait, et même plus encore.
Nous montons au refuge d’Ayous situé non loin de là, dont la vue splendide domine le lac et le Jean-Pierre. Nous y faisons la rencontre de deux jeunes marcheurs français dans le genre fâcheusement surentraînés qui nous expliquent le plus naturellement du monde qu’ils viennent de parcourir le GR10… aller-retour ! Pour eux, pas un doute, il nous faut grimper le sommet le plus proche et admirer les derniers feux du jours à la fois sur le Pic du Midi d’Ossau et sur l’Espagne, de l’autre côté. Sur ces mots, les voilà partis à travers la pente comme deux lapins de garenne. Nous leur emboitons le pas promptement. Se joue alors une course contre la montre. Il nous faut réussir à atteindre le sommet de la crête avant la disparition complète du soleil ! Nos poumons de souris ne sont pas taillés pour ce genre de sport et nous nous trouvons hors d’haleine en un temps record ! Nous parvenons au sommet alors que le soleil disparaît tout juste derrière l’horizon, emportant avec lui la lumière.
Du côté espagnol, le coucher de soleil réveille les esprits créatifs et on fait dans l’art culinaire. Le paysage entier a pris des couleurs d’enchiladas, et les pics au loin se découpent à contre jour comme une rangée de tortillas sur de la sauce chaude. Époustouflant, tout simplement.
C’est alors qu’un drôle de phénomène météorologique entre en scène. Le Pic du Midi d’Ossau, situé à l’opposé du couchant, se retrouve soudain baigné de rose. Une lumière douce et diffuse l’entoure comme pour l’auréoler de gloire. Les dernières lueurs du soleil peinturlurent son sommet de rouge. Qu’importent les esprits cartésiens qui nous tartineraient des explications ennuyeuses sur les codes complexes de la réfraction de la lumière solaire en montagne par beau temps, ce moment est irréel et magique, propre à éveiller les esprits superstitieux, les sorcières, les chamans, les conteurs et les âmes en recherche spirituelle. Qu’on se le dise !
Là-dessus, une lune pleine comme un œuf d’autruche éclot par dessus l’épaule du Pic du Midi d’Ossau. Inutile de vous dire que nous sommes complètement bouleversés par cet enchainement inespéré de beautés célestes, au contraire du Pic qui reste quant à lui parfaitement nonchalant, sans doute trop habitué aux tableaux changeants peints chaque jour sur ses flancs. La lune grimpe dans le ciel limpide, si brillante qu’elle estompe peu à peu les étoiles. Nous ne prendrons pas de reflets de la voie lactée dans les eaux du lac ce soir, mais nous y verrons l’ombre du Jean-Pierre tout saupoudré de lune.
De bon matin dans les lacs d’Ayous…
Nous passons une nuit sans nuage au beau milieu des odeurs de chaussettes, dans la partie ouverte à l’année du refuge d’Ayous. L’été, le refuge ouvre l’intégralité de sa superficie et propose même des services de restauration. Mais l’hiver, le marcheur n’y trouvera qu’une petite pièce ouverte, comprenant quelques rangées de lits superposés pour passer la nuit au chaud et au sec. Nous nous levons dès l’aube, à l’heure où parait-il la campagne blanchit, pour assister au réveil de Jean-Pierre sur fond de lever de soleil. Que de beauté à nouveau ! Le Pic du Midi d’Ossau n’est pas moins majestueux au crépuscule qu’à potron-minet. Ombre ou clarté lui vont de toute manière à merveille.
Nous engageons la marche dans un paysage brossé à la feuille d’or. Rien de mieux qu’un peu d’exercice pour éveiller les sens. Après quelque temps, nous parvenons au lac Bersau qui, de sa position retranchée, ne laisse pas paraître le Jean-Pierre. Les replis de roche boursouflée qui ceinturent le lac comme la croûte trop cuite d’une pizza pepperoni prennent des allures, en se reflétant, d’un dragon monstrueux veillant sur son trésor. Et c’est effectivement un trésor que nous avons sous les yeux. Une gemme liquide et immobile brûlant de milles feux dans le brasier matinal !
Nous continuons la marche le long d’un corridor naturel. Le Jean-Pierre est toujours caché à nos yeux par un gigantesque promontoire qui étire son large cou vers le soleil comme une vieille tortue ridée. Mais ce n’est pas grave. Bientôt nous parvenons au lac de Casterau dont nous contournons les rives calmes. Nous y retrouvons enfin le Pic du Midi d’Ossau et son reflet jumeau ! Derrière le lac, le sentier débouche sans prévenir sur une gigantesque ouverture et révèle à nos yeux un panorama somptueux sur toute la vallée que nous avons quittée hier. Il n’y a plus qu’à redescendre pour la rejoindre et notre boucle des lacs d’Ayous sera bouclée !
Le bilan : nous n’avons marché que deux jours, mais nous avons l’impression d’être partis mille ans. C’était un rêve éveillé, ni plus, ni moins ! Le point d’orgue de deux mois de vadrouille dans le Sud de cette magnifique France, entre le Tarn, l’Hérault et la chaîne des Pyrénées… A chaque fois que nous voyageons dans notre beau pays, nous sommes sidérés par les richesses rencontrées, trop souvent effacées et oubliées dans le feu des tourmentes de notre actualité. Et bien que nous trainions souvent nos godasses dans d’autres contrées, n’oublions pas de dire à quel point nous aimons passionnément ce beau pays où nous avons eu la chance de voir le jour !
M. & Mme Shoes
C’est clair que quand j’ai vu votre nom j’ai cru avoir à faire à un moneinchon et une paloise ;-). Obligé pour un palois comme moi, qui connait bien aussi Monein.
Bravo pour ce super article Mariette et Quentin.
En plus des splendides photos, le texte est magnifique. Quel bel hommage à notre Jean-Pierre et les lacs d’Ayous ! Je ne me lasse pas de cette balade, et ne perd pas une occasion pour la faire découvrir. Vous avez eu un reflet parfait, magique. Je me rappelle d’une baignade prolongée dans le lac un mois de juillet, la plus belle piscine. Je suis flatté et un peu surpris quand tu dis : » Nous en sommes sûrs : c’est là un des plus beaux paysages que nous ayons pu contempler, tous pays confondus. » Merci à vous deux et encore un grand bravo !
Je penserai à vous tout à l’heure en voyant JP si le ciel le permet…
C’est MAGNIFIQUE ! Je dois absolument la faire ! C’est vraiment grandioses ! Les photos sont hyper belles en plus !
Merci Louise 🙂
C’est vrai qu’on s’y est lancé au départ plus pour le symbole rapport à notre petite anecdote, et on a été complètement bluffés. Aujourd’hui on en parle à beaucoup de monde comme l’une de nos randonnées préférées que l’on ai faite tous pays confondus depuis les 10 années qu’on randonne à travers le monde.
Donc une fois de plus : je te conseille vraiment d’y aller un de ces 4 ! Et qui sait, peut-être qu’on s’y croisera, parce qu’on a bien envie d’y retourner pour explorer d’autres pistes autour de notre cher Jean-Pierre !